Il y a une dizaine d’années, son moral est descendu par paliers. Les raisons, il les taira par pudeur tout comme il taira celles qui ont conduit son père à entrer en dépression. Les murs de leur maison se sont recouverts de noir et l’absence d’envie de l’un tapait sur le moral de l’autre. Petit à petit, Damien s’est libéré en s’enfermant dans un autre monde : celui des jeux vidéo en ligne. Pas n’importe lesquels : ceux qui permettaient de rapporter de l’argent pour financer des actions caritatives.
Pour gagner de l’argent pour les autres, il a beaucoup participé aux parties en ligne. Pour récolter plus de dons, il a participé à la création, puis est devenu responsable d’un site français, satellite du site d’origine. De parties en parties, il a fait gagner beaucoup d’argent à ses bonnes œuvres et s’est fait des amis dans le monde entier.
Damien n’est pas un ours. Il a besoin d’avoir des relations et les connexions, aussi virtuelles soient-elles, lui permettent, en dehors du jeu, d’avoir des échanges bien réels une activité qui peut lui prendre jusqu’à 15 heures par jour. Finalement, c’est la routine qui aura raison de son engagement.
Au fil du temps, il devient plus âgé que la moyenne et surtout, il a perdu l’âme du joueur.
La vie est ainsi faite : sa conseillère au Centre Communal d’Actions Sociales lui offre la possibilité de rejoindre l’équipe encore jeune de la recyclerie. Il accepte, parce qu’il sait que le temps est venu d’évoluer et s’il sait qu’il va se confronter à un changement brutal d’art de vivre, il sait qu’il a en lui cette volonté de changer.
« Tout de suite, ça a matché humainement » dit-il en parlant de la rencontre avec son encadrant. Il ajoute que pour lui cette rencontre a été fondamentale, que grâce a lui il a retrouvé la confiance en soi dans une très belle formule : « prouver aux autres que j’étais à la hauteur m’a permis de me le prouver à moi-même.«
Cette confiance retrouvée l’a préparé à de nouvelles aventures qui viendront à lui ce jour de mars lorsque sa conseillère accompagnée de Franck, un de ses collaborateurs et d’une quinzaine d’autres personnes viendront visiter la recyclerie. Damien se charge de la visite. Il témoigne de son expérience et parle de son ressenti. Il explique qu’il a retrouvé, et ce n’est pas rien, goût à la vie et le besoin d’avoir des liens sociaux… .
La vie est ainsi faite. Franck a entendu parler d’une création d’emploi en remplacement d’un départ à la retraite. Un emploi qui correspond aux désirs de Damien et à ses compétences. Le CCAS le pousse : lettre de motivation et CV sont réactualisés et envoyés. La réponse est très rapide: il sera embauché en CDI dès la fin de son préavis à la recyclerie.
Au fil des jours qui précèdent son départ, Damien se rend compte que s’il est effectivement prêt à affronter de nouveaux challenges, il est aussi triste de quitter son emploi. Pas tant l’emploi d’ailleurs que ses collègues. Il se confie: « chaque matin j’avais envie de venir travailler et aussi de retrouver les amis ». A ce moment, il repense à son encadrant qui l’a aidé à avancer et souligne en gras le lien solidaire qui existe entre les employés. Une solidarité et une cohésion auxquelles il a participé en impulsant l’idée de soirées entre collègues. Il espère d’ailleurs que. ses réunions continueront et qu’il y sera toujours convié.